AccueilLiens UtilesPublicationsPlan du site
Rechercher :
Présentation générale Dougga à travers l'histoire Circuits Dougga et sa région Investir à Dougga Informations pratiques Evènements Galerie photos Contact
Dougga à travers l'histoire
Présentation historique
L'écriture à Dougga
Carte de Dougga
La Période Préromaine
La Présence Humaine
Les Structures Préromaines
La Muraille
Le Mausolée d'Atban
Le Monument dit temple de Massinissa
L'épigraphie libyque
La Généalogie
La Période Romaine
L'Originalité de Dougga
Le Territoire de Dougga
L'Urbanisme à Dougga
Le Forum
La Place de la Rose des Vents
Le Marché et l'Abside De Mercure
Les Monuments de Spectacle
Les Monuments Hydrauliques
Les Édifices Religieux
L'Habitat
Les Entrés Monumentales
La Nécropole
La Période Byzantine
L'Hypogée chrétien
L’église de Victoria
La Forteresse Byzantine
La Période Médiévale
Les mosaïques de Dougga au musée du Bardo

Le Monument dit temple de Massinissa

L’inscription bilingue, libyque-punique, connue sous le vocable « bilingue de Massinissa » évoque l’édification par les « Baalim de Dougga » d’un « MQDS » à Massinissa, l’an dix du règne de Micipsa ; cette stèle fut découverte «dans le forum romain» .

Comment faut-il comprendre le terme MQDŠ ? Il est attesté en Phénicien et en Punique  ; les spécialistes traduisent « sanctuaire » ; cette traduction ne résout pas la question de la nature du monument, de sa forme et surtout de la nature du « culte » voué à Massinissa ; la partie libyque de la bilingue n’est, malheureusement, d’aucun secours, le pendant libyque au terme punique MQDŠ est BNIPŠ [ ?] ; il n’est pas attesté ailleurs.

Pourquoi un MQDŠ à Massinissa, comment expliquer le choix de Dougga et pourquoi dix ans après la disparition du roi ? Les réponses ne manquent pas ; parmi les plus récentes, citons la lecture de Smadja qui pense que «  … dans le cas de Massinissa, le culte dépasse l’aspect purement funéraire, puisqu’il s’agit de la construction d’un temple offert par les instances dirigeantes d’une cité.

Par cette construction, elles prennent l’initiative d’un culte, mais elles entendent aussi affirmer qu’il s’agit de leur initiative, proclamer leur autonomie, dont le roi apparaît le garant » .

Peut être faut-il atténuer cette idée d’autonomie «  dont le roi apparaît le garant » et rappeler que l’édifice est érigé l’an dix du roi Micipsa et qu’il est possible de voir dans le geste des « instances dirigeantes » de Dougga, l’affirmation de leur allégeance à la dynastie massyle.


L’idée de situer le monument dans la zone où fut découverte la bilingue faisait l’unanimité  ; la découverte d’un soubassement rectangulaire à moulure de type préromain au pied du Capitole et dans la partie Est du forum laisse supposer que le soubassement appartient au monument de Massinissa ; les recherches engagées depuis militent en faveur de cette hypothèse. 


De ce monument, n’a été conservé que le soubassement mouluré et peut-être certains éléments architectoniques découverts dans la zone .

Comment était le monument dédié à Massinissa ? Faudrait-il le comparer à des monuments contemporains sinon similaires ? Le monument de Chemtou permet un rapprochement évident; bien qu’anonyme car aucune inscription ne l’identifie, la fouille a permis de le situer autour de 130 avant J.-C.; il est donc sensiblement contemporain au monument de Massinissa qui est daté de 138-137 avant J.C.

Ainsi, sommes-nous devant un état de fait : un même pouvoir politique, vivant les mêmes repères culturels, agissant dans le cadre d’une même opération de propagande, devrait produire des références proches, peut-être même similaires.

La date ne nous semble pas non plus fortuite : l’an dix du règne de Micipsa correspond aussi et surtout à la première année où Micipsa ne partage plus son pouvoir avec ses frères ; en « fêtant » son père, il ferme la parenthèse du partage du pouvoir, établit un pont avec le grand roi et inaugure  ainsi un règne sans partage. Il est probable que le monument « Kbor klib » proche de Zama s’inscrive aussi dans cette opération de propagande politique et idéologique.

Le choix des lieux demeure par contre difficilement explicable :

  • Kbor klib pose le plus de problèmes, il semble isolé ; il est dominant, visible, côté ouest, à des kilomètres.
  • Dougga était une cité « remarquable » à la fin du IVème siècle, mais elle n’était pas la seule, les événements liés à a guerre d’Agathocle nous font découvrir d’autres villes.
  • La longévité de la nécropole numide de Chemtou, la variété de structures qu’elle renferme et la diversité des cultes funéraires qu’elle a livrées permettent de conclure que Chemtou est une ville déjà à la fin du IVème siècle avant J.C.
  • Reste qu’il nous est difficile de dire, dans le cas de Dougga et de Chemtou, s’il s’agissait de grandes cités, occupant une place privilégiée dans le système numide. L’état de nos connaissances ne nous permet toujours pas de définir la cité numide, il nous autorise encore moins à établir une hiérarchie entre elles.
  • Chemtou (Simitthus) et Dougga ne sont pas déclarées royales à l’opposé d’autres cités. Simitthus n’est évoquée nulle part et Dougga l’est parce qu’elle est attaquée par les troupes grecques. Les deux villes ne semblent pas avoir eu une position particulièrement stratégique.
  • Dougga est certes, durant la période punique, à la limite orientale du royaume mais les données géopolitiques ont changé, Carthage est détruite et Rome devient un allié que le roi numide craignait et ménageait.
  • Chemtou est un lieu privilégié pour franchir la Mejerda mais il n’était pas le seul ; le fait que l’on traversait à gué multipliait les lieux de passage.
  • Reste à réfléchir sur la notion de propriété ; Chemtou et Kbor Klib sont à proximité de cités dites regia ( Bulla et Zama) ; le qualificatif a été interprété dans un sens politique : capitales régionales, lieux de résidence des rois, etc.

Il exprimerait l’idée de propriété royale ; auxquels cas, ces lieux faisaient partie des biens du roi d’où un statut à part et leur prédilection pour recevoir les manifestations royales de rayonnement idéologique ou les comportements d’allégeance à la famille royale. Pour Dougga et l’implantation du MQDS à Massinissa, le problème reste entier, il n’y a pas à proximité immédiate de cité regia.

Les seules données qui pourraient faire de Dougga « un lieu privilégié aux yeux du pouvoir massyle » sont :

  • L’ancienneté de la ville
  • Le fait qu’Ailymas, roi des Libyens et allié momentané d’Agathocle et surtout ancêtre possible de la dynastie massyle, pourrait avoir « régné » dans la région .
  • L’hypothèse que Zilalsan, grand-père de Massinissa, suffète aux lendemains de la révolte des Libyens, ait exercé cette fonction à Dougga même. 

F.Rakob écrivait en parlant de l’architecture royale « elle se trouve dans des emplacements centraux du territoire royal choisis intentionnellement, qui déterminent et dominent le paysage » . Le site de Dougga répond à cette lecture.

 

Accueil | Liens Utiles | Publications | Plan du site
© 2008 Dougga | Powered by www.medianet.com.tn