C’est un riche notable, Publius. Marcius Quadratus, le frère du donateur du capitole, qui fit construire à ses frais le théâtre lieu de déroulement des spectacles scéniques. Il l’offrit « à sa patrie » (la ville de Dougga dont il était originaire) vers la fin du règne commun de Marc-Aurèle et de Lucius Verus, en 168-169 après J.C.
Le terrain rocheux et en très forte pente du côté de l’Est a rendu difficile l’implantation de l’édifice : les gradins ont été adossés à la pente naturelle au centre et placés sur une structure artificielle aux extrémités.
Ce monument pouvait contenir environ 3 500 spectateurs qui se répartissaient sur les différents secteurs des gradins, tandis que dans l’orchestra, tout en bas, prenaient place les notables qui s’asseyaient sur des sièges mobiles.
Le mur de scène était décoré de colonnes d’ordre corinthien réparties sur deux niveaux. Trois portes reliaient la scène au portique postérieur.
Plusieurs longues inscriptions rappelaient les mérites du généreux donateur à l’intérieur et à l’extérieur de l’édifice. Les parties du monument sont décrites par la dédicace : le portique, la scène et son système de rideau, les basiliques (salles couvertes situées de part et d’autre du bâtiment de scène) et les xystes (portiques).
Le mot xyste ne peut correspondre qu’au portique adossé et à l’espace de jardin semi-circulaire qui se développe en arrière du bâtiment de scène. Un temple, en position axiale, était placé au sommet des gradins. Ce théâtre, un des plus beaux et des mieux conservés d’Afrique témoigne de la splendeur de la parure monumentale de la ville à son apogée.
Aucune trace d’un amphithéâtre, type de monument où avaient lieu les combats de gladiateurs (les munera) ou d’animaux (les venationes) n’a été retrouvée à Dougga. En revanche, on y voit les ruines d’un un cirque, monument déstiné aux courses de chars. Ce fait est exceptionnel puisque, pour toute l’Afrique du Nord, il n’est attesté de cirque que dans six villes.
Il faut rapeller ici que la dédicace du temple des Victoires de Caracalla, révèle qu’en 214 après J.C., une notable de la ville (Gabinia Hermiona) offrit « pour les plaisirs du peuple le champ que l’on appelle cirque ». Celui ci était situé au nord-ouest de la ville et il consistait sans doute en un terrain d’entraînement pour les chevaux de son élevage.
Le bâtiment fut réalisé sur ce terrain « à la demande du peuple tout entier » en 225/227après J.C., par les magistrats de Dougga, les deux duovirs et les deux édiles, sous le règne de Sévère Alexandre, comme le révèlent les deux dédicaces à la famille impériale gravées sur les deux bornes autour desquelles tournaient les attelages.
Le plan de ce cirque est irrégulier et ses dimensions modestes : la longueur de la piste ne dépassait pas 300 m et sa largeur 65 m en moyenne. Les douze stalles de départ des chars se trouvaient au nord. Les gradins étaient supportés par une structure dont la nature est mal connue. Quatre mosaïques de Dougga, conservées au Musée du Bardo, figurant le cocher victorieux, les chevaux, les stalles de départ, manifestent la popularité des courses de chars.
Le cirque est évoqué aussi par deux graffitis incisés sur les dalles de deux temples de la ville. Le fait que Dougga ait possédé un cirque, même modeste, souligne l’importance de la ville.